Ma femme, un poulet aux hormones?
Et oui...
Fallait bien que ça arrive...
On a attaqué le protocole de FIV.
Ma femme commence donc sa transformation en un immense poulet aux hormones...
Dans le jargon médical, on appelle ça la stimulation.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas le déroulement d'une FIV, ouvrez vous esgourdes, ça va envoyer!
Le démarrage, le blocage
On va donc commence par mettre les ovaires de Madame, au repos, les médecins appellent ça le blocage. Ca va consister à mettre les ovaires en ménopause artificielle. Perso, rien qu'à l'écrire, je trouve ça glauque... Mais on n'a rien sans rien comme ils disent non?
D'un point de vue pratique en revanche, pas trop à se plaindre, le produit se présente sous la forme d'un spray nasal là où il y a quelques années, nos Dames devaient se piquer tous les jours. Seule contrainte, le spray doit être fait toutes les 12h, précisément(au pire à 15 minutes près). Et déjà, ça vient foutre le merdier dans notre quotidien. Etre levé tous les jours pour 7h, être à la maison tous les soirs à 19h, ça devient vite contraignant et surtout assez voyant, quand tu veux garder tout ça pour l'intimité de ton couple. Tu dois bouffer chez des amis un soir? Il va falloir arriver un peu tard ou expliquer clairement à nos hôtes pourquoi Madame se tient la tête en arrière depuis 5 minutes (c'est indiqué sur le mode opératoire du spray, pour s'assurer qu'il pénètre bien dans les muqueuses nasales). Et le lendemain, alors que tu espérais une grasse matinée, ben non va falloir te lever faire ton spray. De nature pas trop misogyne, j'essayais d'accompagner au mieux ma chérie dans tout ce merdier, mais ce n'était pas facile tous les jours.
Alors on me dira que c'est rien et que quand bébé sera là, ce sera bien pire... Je sais. Sauf que bébé n'est PAS là! Et que le spectre de faire tout ça pour rien est bien là! (je n'ai pas de stats officielles sur les taux de réussite des FIV, mais je crois que c'est moins de 40% ...) Au final, on se motive, on s'habitue, ça va pas durer si longtemps après tout.. Hein? Ca va pas durer trop longtemps?
On attaque le gros, la stimulation et les premières fatigues :
Autant le dire de suite, les couples étant phobiques ou craintifs des aiguilles, des piqûres ou des injections vont avoir du mal. Par chance, ce n'était pas notre cas. Madame était même déjà surentraînée après près de 3 ans d'injections hebdo pour une désensibilisation allergique(terminée un mois avant le début de la FIV, il est pas beau notre calendrier?) .
On va donc mettre en place à la maison, notre petit rituel du soir, tous les deux, avec lavage de mains, préparation du matériel, nettoyage à l'alcool du bidon de Madame, préparation de la dose de produit et hop injection, re-nettoyage rapide après injection, pansement et bisou pour rendre la chose moins triste.
Car oui, ces putains de piqûres, j'ai trouvé ça triste. Triste à en crever! Voir ma Femme se piquer dans le ventre, puis au-dessus du genoux, j'avais l'impression de vivre avec une toxico qui s'injectait de la merde pour essayer de trouver un peu de bonheur. Le pire, c'est que c'était exactement ça...
En parallèle de la stimulation, il va maintenant falloir aller faire des écho ovariennes(par le bas mesdames, pour que vous compreniez à quel point la chose est agréable...). Ah oui, et tous les 2 jours, pour vérifier que les ovaires réagissent, mais pas trop et qu'on puisse adapter le taux de stimulation en fonction des résultats. Considérant qu'on habite à 50km de notre PMA, que tous les matins, ce sont plus d'une 40aine de femmes qui débarquent pour la même chose, on tâchait d'y aller au plus tôt pour éviter trop d'attente et d'arriver en retard au boulot après... Réveil à 4h30 donc... La journée terminé à 18h est longue... Très longue...
Et pendant tout ce temps, le spray nasale continuera, histoire de charger un peu plus l'organisme de ma chère et tendre...
Ces piqûres quotidiennes dureront près de deux longues semaines, jusqu'au moment fatidique de la ponction qui sera le point culminant de tout ce travail...
Durant tout ce temps, Madame fera énormément d'efforts pour supporter ce traitement de cheval. Dans mon ressenti, toutes ces hormones sont destructrices et il doit falloir pas mal de temps au corps pour évacuer le surplus et reprendre des rythmes plus ou moins naturels...
Notre vécu:
Voilà une étape que Madame a beaucoup mieux vécu que moi.
Son attente de pouvoir essayer quelque chose lui a rendu la chose bien plus supportable. De mon côté, c'était très difficile de la voire s'infliger ça juste parce que MON spermogramme était pourri. (Notez la façon de dire que c'est le spermogramme qui est pourri au lieu d'assumer qu'en fait, ce sont mes bourses qui sont incompétentes, on se protège comme on peut ^^)
Car oui il faut bien garder ça en tête, la FIV est généralement là pour compenser les lacunes du spermogramme, pas pour les problèmes d'ovulation ou autre... Pour ça il y a les inséminations et autres méthodes qu'on n'a même pas testées.
Ajoutez à ça qu'il a fallu continuer d'aller bosser, dans une période où j'avais pas mal de pression (pour les informaticiens, on étant à moins de 2 mois d'une MEP majeure). Ca a été dur. Trop dur. Sur la fin, j'ai fini chez mon généraliste à lui quémander 2 jours d'arrêt pour pouvoir me reposer un peu. Décision salutaire s'il en est. Je pense que Madame n'en pouvait plus de me soutenir alors que c'est elle qui avait le plus à supporter.
Espérons que je serai de meilleur soutien quand bébé pointera le bout de son nez...
Commentaires
Ben voilà je te lis en plein shopping a camaieu ! Elles vont me regarder de travers si elles voient mes larmichettes aux yeux alors lunettes de soleil. Vilain doudou. Ta femme, poulet aux hormones (qui kiffe le poulet d'ailleurs)